Chronologie

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Bruno Giroux

Vous trouverez les figures dans le PDF gratuit.

 

Jeudi 12 décembre

À Wuhan, les responsables de la santé commencent à enquêter sur les patients atteints de pneumonie virale. Ils découvrent que la plupart des patients ont en commun la fréquentation du marché de Huanan Seafood connu pour être un lieu de commerce de volailles, chauves-souris, serpents et autres animaux sauvages.

Lundi 30 décembre 2019

Li Wenliang (en.wikipedia.org/wiki/Li_Wenliang), un ophtalmologiste de 34 ans à Wuhan publie, fin décembre, un message sur un groupe WeChat alertant ses collègues médecins d’une nouvelle maladie à coronavirus dans son hôpital. Il signale que sept patients ont présenté des symptômes similaires au SRAS et été placés en quarantaine. Li Wenliang demande à ses amis d’informer leurs familles et conseille à ses collègues de porter un équipement de protection.

Mardi 31 décembre 2019

La police de Wuhan annonce qu’elle enquête sur huit personnes soupçonnées d’avoir répandu des rumeurs sur une nouvelle épidémie de maladies infectieuses (voir 30 décembre).

La Wuhan Municipal Health Commission signale 27 patients atteints de pneumonie virale après avoir fréquenté ce marché de Huanan SeaFood. Sept patients sont gravement atteints dont les manifestations cliniques consistaient principalement à de la fièvre, et des difficultés respiratoires chez certains d’entre eux. Les radiographies thoraciques objectivaient une infiltration pulmonaire bilatérale. Le rapport conclut que la maladie est évitable et contrôlable. L’OMS en est informée.

Jeudi 1er janvier

Le marché de Huanan Seafood est fermé.

Vendredi 3 janvier

Li Wenliang est convoqué à un bureau local de sécurité publique de Wuhan pour «propagation de fausses rumeurs». Il est contraint de signer un document dans lequel il reconnaît avoir fait de «faux commentaires» et «perturbé l’ordre social». Li signe une déclaration acceptant de ne plus s’exprimer au sujet de la maladie.

Sur le réseau social Weibo, la police de Wuhan a déclaré avoir intenté une action en justice contre les personnes qui «ont publié et partagé des rumeurs en ligne, avec un impact négatif sur la société». Le lendemain, l’information est reprise par la télévision d’Etat CCTV qui toutefois ne précise pas que les huit personnes accusées de «propagation de fausses rumeurs» sont des médecins.

Dimanche 5 janvier

L’OMS signale que 44 patients atteints de pneumonie d’étiologie inconnue ont été signalés par les autorités nationales en Chine. Sur les 44 cas signalés, 11 sont gravement atteints tandis que les 33 autres patients sont dans un état stable. https://www.who.int/csr/don/05-january-2020-pneumonia-of-unkown-cause-china/en/

Mardi 7 janvier

Des responsables chinois annoncent qu’ils ont identifié un nouveau coronavirus (CoV) chez des patients de Wuhan (prépublié 17 jours plus tard: https://doi.org/10.1056/NEJMoa2001017). Les coronavirus sont un groupe de virus à ARN qui causent des maladies chez les mammifères et les oiseaux. Chez l’homme, les virus corona les plus courants (HCoV-229E, -NL63, -OC43 et -HKU1) circulent en permanence dans la population humaine, provoquant des rhumes, parfois associés à de la fièvre et des maux de gorge, plus fréquents en hiver et au début du printemps. Ces virus se propagent par inhalation de gouttelettes excrétées lorsque des personnes infectées toussent ou éternuent, et en touchant une surface où ces gouttelettes ont été projetées, puis en portant ses mains au visage.

Dimanche 12 janvier

La séquence génétique du nouveau coronavirus a été mise à la disposition de l’OMS. Des laboratoires de différents pays commencent à produire des tests PCR de diagnostic spécifiques. (Le gouvernement chinois rapporte qu’il n’y a aucune preuve claire que le virus passe facilement d’une personne à l’autre.)

Deux jours après avoir présenté une toux, Li Wenliang (voir 30 décembre) est hospitalisé et le diagnostic d’infection au Covid -19 est porté.

Lundi 13 janvier

La Thaïlande signale le premier cas hors de Chine, chez une femme arrivée de Wuhan. Puis le Japon, le Népal, la France, l’Australie, la Malaisie, Singapour, la Corée du Sud, le Vietnam, Taïwan, la Thaïlande et la Corée du Sud signalent des cas au cours des 10 jours suivants.

Samedi 18 janvier

Le Guide de littérature médicale Amedeo (www.amedeo.com) attire l’attention de plus de 50 000 abonnés sur une étude de l’Imperial College de Londres, Estimating the potential total number of novel Coronavirus cases in Wuhan City, China, par Imai et al. Les auteurs estiment qu’un total de 1 723 cas de 2019-CoV-1 dans la ville de Wuhan (IC à 95%: 427 – 4.471) ont présenté des symptômes au 12 janvier 2020. Officiellement, seuls 41 cas ont été signalés au 16 janvier.

Lundi 20 janvier

La Chine fait état de trois décès et de plus de 200 infections. Des cas sont désormais également diagnostiqués en dehors de la province du Hubei (Beijing, Shanghai et Shenzhen). Les pays asiatiques commencent à introduire des contrôles obligatoires dans les aéroports de toutes les arrivées des zones à haut risque de la Chine.

Jeudi 23 janvier

Dans une démarche audacieuse et sans précédent, le gouvernement chinois met des dizaines de millions de personnes en quarantaine. Rien de comparable n’a jamais été fait dans l’histoire humaine. Personne ne sait à quel point ce sera efficace.

Tous les événements du Nouvel An lunaire (à partir du 25 janvier) sont annulés.

L’OMS déclare que l’épidémie ne constitue pas encore une urgence publique de portée internationale car il n’y a « aucune preuve » de la propagation du virus en dehors de la Chine.

Vendredi 24 janvier

Au moins 830 cas ont été diagnostiqués dans neuf pays: Chine, Japon, Thaïlande, Corée du Sud, Singapour, Vietnam, Taïwan, Népal et États-Unis.

Zhu et al. publient un rapport complet sur l’isolement d’un nouveau coronavirus différent du MERS-CoV et du SARS-CoV (texte intégral: https://doi.org/10.1056/NEJMoa2001017). Ils décrivent des tests sensibles pour détecter l’ARN viral dans des échantillons cliniques.

Wang et al. publient les caractéristiques cliniques de 41 patients (texte intégral: doi.org/10.1016/S0140-6736(20)30185-9).

Chan et al. décrivent plusieurs pneumonies associées au nouveau coronavirus 2019 dans une même famille indiquant une transmission possible de personne à personne (texte intégral: doi.org/10.1016/S0140-6736(20)30154-9).

Samedi 25 janvier

Le gouvernement chinois impose les restrictions de voyage à d’avantage de villes dans le Hubei. Le nombre de personnes affectées par les mesures de quarantaine s’élève alors à 56 millions.

Hong Kong déclare un état d’urgence. Les célébrations du Nouvel An sont annulées et les liens avec la Chine continentale limités.

Jeudi 30 janvier

L’OMS déclare le coronavirus comme une urgence mondiale. Entre-temps, la Chine signale 7 711 cas et 170 décès. Le virus s’est maintenant propagé dans toutes les provinces chinoises.

Vendredi 31 janvier

Li Wenliang publie son expérience avec le commissariat de police de Wuhan (voir 3 janvier), ainsi qu’une lettre d’avertissement, sur les réseaux sociaux. Son message devient viral.

L’Inde, les Philippines, la Russie, l’Espagne, la Suède, le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada, le Japon, Singapour, les États-Unis, les Émirats arabes unis et le Vietnam confirment leurs premiers cas.

Dimanche 2 février

Le premier décès hors de Chine, un chinois originaire de Wuhan, est signalé aux Philippines. Deux jours plus tard, un décès à Hong Kong est annoncé.

Jeudi 6 février

Li Wenliang, puni pour avoir été le lanceur d’alerte concernant le coronavirus, décède du Covid19. Sa mort déclenche une explosion de colère, de chagrin et d’exigences concernant la liberté d’expression: https://www.theguardian.com/global-development/2020/feb/07/coronavirus-chinese-rage-death-whistleblower-doctor-li-wenliang.

Vendredi 7 février

Hong Kong impose des peines de prison pour quiconque enfreint les règles de quarantaine.

Lundi 10 février

Amedeo lance un service de documentation hebdomadaire sur les coronavirus qui s’appellera plus tard Amedeo Covid-19.

Mardi 11 février

Moins de trois semaines après l’introduction de mesures de quarantaine de masse en Chine, le nombre de cas signalés quotidiennement commence à baisser.

L’OMS annonce que la nouvelle maladie infectieuse sera baptisée Covid-19 (Coronavirus disease 2019).

Mercredi 12 février

À bord du bateau de croisière Diamond Princess amarré à Yokohama, au Japon, 175 personnes sont infectées par le virus. Au cours des jours et des semaines suivants, près de 700 personnes seront infectées à bord.

Mercredi 19 février

L’Iran fait état de deux décès dus au coronavirus.

Au stade San Siro de Milan, l’équipe de football de l’Atalanta de Bergame remporte le match de Ligue des Champions contre Valence devant 44 000 supporters italiens et espagnols. Le transport de masse de Bergame à Milan et retour, les heures de liesse ainsi que les festivités dans d’innombrables bars ont été considérés par certains observateurs comme de la «bombe biologique».

Jeudi 20 février

Un patient dans la trentaine admis à l’unité de soins intensifs (USI) de l’hôpital de Codogno (Lodi, Lombardie, Italie) a été testé positif pour le SRAS-CoV-2. Au cours des prochaines 24 heures, le nombre de cas signalés passe à 36, sans liens avec le patient ou les cas positifs identifiés précédemment. C’est le début de l’épidémie italienne. jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2763188

Dimanche 23 février

Le carnaval de Venise touche à sa fin et les événements sportifs sont suspendus dans les régions italiennes les plus touchées.

Lundi 24 février

Bahreïn, l’Iraq, le Koweït, l’Afghanistan et Oman signalent leurs premiers cas.

Mardi 25 février

Le rapport d’une mission conjointe de 25 experts internationaux et chinois est présenté au public. La mission s’est rendue dans plusieurs provinces chinoises différentes. Les résultats les plus importants sont que l’épidémie chinoise a atteint un pic puis un plateau entre le 23 janvier et le 2 février, diminuant régulièrement ensuite.

https://www.who.int/publications-detail/report-of-the-who-china-joint-mission-on-coronavirus-disease-2019-(covid-19)

 

Figure 1. Cas de Covid-19 en Chine, janvier / février 2020. Courbes épidémiques par début des symptômes et date de notification le 20 février 2020 pour les cas de COVID-19 confirmés en laboratoire pour toute la Chine. Modifié du rapport de la mission conjointe OMS-Chine sur la maladie de coronavirus 2019 (COVID-19). 16-24 février 2020. https://www.who.int/publications-detail/report-of-the-who-china-joint-mission-on-coronavirus-disease-2019-(covid-19)

 

Ce fut la première preuve d’efficacité d’une utilisation contraignante du confinement et de la quarantaine ordonnés par le gouvernement chinois. Malheureusement, les pays européens n’ayant pas connu l’épidémie de SRAS en 2003, perdaient un temps précieux avant d’appliquer les recommandations de la Chine.

Au cours des 24 heures suivantes, la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas, l’Irlande du Nord, l’Estonie, la Roumanie, la Grèce, la Georgie, le Pakistan, la Macédoine du Nord et le Brésil signalent les premiers cas.

Mercredi 26 février

Un président occidental, de peur de voir sa réélection compromise, minimise la menace de la pandémie de coronavirus, en gazouillant: « Faible cote de fausses nouvelles … font tout leur possible pour rendre le caronavirus [sic] aussi mauvais que possible, y compris si possible les marchés en panique. » https://www.bmj.com/content/368/bmj.m941

Deux jours plus tard, le même individu invoque le ciel (au lieu de magie): « Ça va disparaître. Un jour, c’est comme un miracle, ça va disparaître. »

Vendredi 28 février

Un examen rapide des cas européens diagnostiqués en dehors de l’Italie du 24 au 27 février révèle que 31 des 54 personnes (57%) ont récemment voyagé en Italie du Nord. Les épidémiologistes se rendent immédiatement compte qu’une situation inhabituelle se développe et informent le gouvernement italien.

Samedi 7 mars

Les données officielles montrent que les exportations chinoises ont chuté de 17,2% au cours des deux premiers mois de l’année.

Dimanche 8 mars

Le gouvernement italien dirigé par le Premier ministre Giuseppe Conte a le mérite d’avoir instauré le premier verrouillage européen, deux semaines et demie seulement après la détection du premier cas autochtone italien de COVID-19. En premier lieu, des mesures de quarantaine strictes sont imposées à 16 millions de personnes dans l’État de Lombardie et dans 14 autres régions du nord. Deux jours plus tard, G.Conte les étend à l’ensemble du pays soit 60 millions d’habitants, déclarant le territoire italien «zone de sécurité». Toutes les personnes sont alors invitées à rester chez eux, sauf si elles doivent sortir pour «des raisons valables de travail ou familiales». Les écoles sont fermées.

Lundi 9 mars

L’Iran libère 70 000 prisonniers en raison de l’épidémie dans le pays.

Mardi 10 mars

Xi Jinping visite la ville de Wuhan et revendique une victoire provisoire dans la bataille contre Covid-19. Les deux derniers des 16 hôpitaux temporaires de la ville sont fermés.

Mercredi 11 mars

L’OMS déclare que la flambée de coronavirus est une pandémie.

Toutes les écoles de Madrid et des environs, des jardins d’enfants aux universités, sont fermées pendant deux semaines.

Jeudi 12 mars

L’Italie ferme tous les magasins sauf les épiceries et les pharmacies.

En Espagne, 70 000 personnes – à Igualada (région de Barcelone) et dans trois autres municipalités – sont mises en quarantaine pendant au moins 14 jours. C’est la première fois que l’Espagne adopte des mesures d’isolement pour des municipalités entières.

Le président français, Emmanuel Macron, annonce la fermeture des crèches, des écoles et des universités à partir du lundi 16 mars. Il déclare: «Un principe nous guide pour définir nos actions, il nous guide dès le départ pour anticiper cette crise puis pour la gérer pendant plusieurs semaines, et il doit continuer à le faire: c’est la confiance dans la science. C’est écouter ceux qui savent. » Certains dirigeants d’autres pays auraient également mieux fait d’écouter les scientifiques.

Vendredi 13 mars

Le Premier ministre d’un ancien pays de l’UE introduit la notion d ‘«immunité collective» comme solution à l’extension de l’épidémie de coronavirus. L’hypothèse choc annoncée est la suivante: accepter que 60% de la population contracte le virus, développant ainsi une immunité collective, et évitant ainsi les manifestations cliniques des futures épidémies de coronavirus. Les chiffres sont effrayants. Sur un peu plus de 66 millions d’habitants, environ 40 millions de personnes pourraient être infectées, dont 4 à 6 millions auraient besoin d’être hospitalisées et 2 millions de soins intensifs. Ainsi donc, environ 400 000 Britanniques pourraient décéder de la pandémie. Le Premier ministre prédit que «beaucoup de familles vont perdre des êtres chers avant l’heure».

Samedi 14 mars

Le gouvernement espagnol met tout le pays sous contrôle, demandant à tous de rester chez eux. Les exceptions comprennent l’achat de nourriture ou de fournitures médicales, se déplacer à l’hôpital, aller au travail ou toute autre urgence.

Le gouvernement français annonce la fermeture de tous les lieux publics «non essentiels» (bars, restaurants, cafés, cinémas, discothèques) après minuit. Seuls les magasins d’alimentation, les pharmacies, les banques, les bureaux de tabac et les stations-service peuvent rester ouverts.

Dimanche 15 mars

La France appelle 47 millions d’électeurs au scrutin. Le gouvernement et les dirigeants de l’opposition semblent tous deux favorables au maintien des élections municipales. S’agit-il d’un exemple classique d’ingérence inacceptable de la politique des partis dans la saine gestion d’une épidémie meurtrière? Les futurs historiens devront enquêter.

Lundi 16 mars

Ferguson et al. publient une nouvelle étude de modélisation sur les résultats probables au Royaume-Uni et aux États-Unis de la pandémie de COVID-19. En l’absence (peu probable) de mesures de contrôle ou de changements spontanés du comportement individuel, les auteurs s’attendent à ce qu’un pic de mortalité (décès quotidiens) se produise après environ 3 mois. Cela entraînerait 81% de la population américaine, soit environ 264 millions de personnes, à contracter le virus. Parmi ceux-ci, 2,2 millions pourraient décéder, dont 4% à 8% d’Américains de plus de 70 ans. Plus important encore, d’ici la deuxième semaine d’avril, la demande de lits de soins intensifs serait 30 fois supérieure à l’offre.

Le modèle analyse ensuite deux approches: l’atténuation et la suppression. Dans le scénario d’atténuation, le SRAS-CoV-2 continue de se propager à un rythme lent évitant ainsi une saturation des systèmes hospitaliers. Dans le scénario de suppression, des mesures extrêmes de distanciation sociale et de quarantaines à domicile empêcheraient la propagation du virus. L’étude propose également un scénario possible au moment où les mesures de confinement strictes, cclles de «rester à la maison», seront levées. Car la perspective est sombre: l’épidémie rebondirait.

 

 

Figure 2. Impact of non-pharmaceutical interventions (NPIs) to reduce COVID-19 mortality and healthcare demand. (par Ferguson et al.)

 

La France impose des mesures de confinement strictes.

Mardi 17 mars

Sept millions de personnes dans la région de la baie de San Francisco sont invitées à «s’abriter sur place» et sont interdites de quitter leur domicile, sauf pour les «activités essentielles» (achat de nourriture, de médicaments et d’autres nécessités). La plupart des entreprises doivent fermer. Exceptions: épiceries, pharmacies, restaurants (mets à emporter uniquement et livraison), hôpitaux, stations-service, banques.

Jeudi 19 mars

Pour la première fois depuis le début de l’épidémie de coronavirus, il n’y a eu aucun nouveau cas à Wuhan et dans la province du Hubei.

Le gouverneur californien, Gavin Newsom, ordonne à toute la population californienne (40 millions de personnes) de «rester chez elle». Les résidents ne peuvent quitter leur domicile que pour répondre à des besoins essentiels comme acheter de la nourriture, aller à la pharmacie ou chez le médecin, rendre visite à des proches, faire de l’exercice.

Vendredi 20 mars

L’Italie signale 6 000 nouveaux cas et 627 décès en 24 heures.

En Espagne, le confinement dû au coronavirus réduit la criminalité de 50%.

La Chine n’a signalé aucun nouveau cas local de coronavirus pendant trois jours consécutifs. Les restrictions sont assouplies, avec un retour à une vie normale. Le monde entier se tourne maintenant vers la Chine. Le virus se propagera-t-il à nouveau?

L’État de New York, aujourd’hui centre de l’épidémie américaine (population: 20 millions d’habitants), déclare un verrouillage général. À partir du dimanche soir (22 mars), les gens ne devraient quitter leur domicile que pour manger, prendre des médicaments et faire de l’exercice en plein air. Les commerces essentiels (épiciers, restaurants avec uniquement mets à emporter ou à livrer, pharmacies et laveries) resteront ouverts.

Lundi 23 mars

Enfin, trop tard pour de nombreux observateurs, le Royaume-Uni met en place des mesures de confinement moins strictes que celles d’Italie, d’Espagne et de France.

La chancelière allemande Angela Merkel se place en quarantaine spontanément après avoir été en contact avec une personne testée positive.

Mardi 24 mars

Sur tous les cas signalés en Espagne, 12% concernent des agents de santé.

Les Jeux olympiques de Tokyo sont reportés à 2021.

L’Inde ordonne un verrouillage à l’échelle nationale. À l’échelle mondiale, trois milliards de personnes sont désormais en lockdown.

Mercredi 25 mars

Après des semaines de mesures de confinement strictes, les autorités chinoises lèvent les restrictions de voyage dans la province du Hubei. Pour voyager, les résidents auront désormais besoin du «code vert» fourni par un système de haute surveillance qui utilise l’application AliPay.

Une jeune femme de 16 ans décède dans le sud de Paris de COVID-19. Elle n’avait eu aucune pathologie sous jacente.

Jeudi 26 mars

Les États-Unis sont désormais le pays avec le plus de cas dans le monde.

Le SARS-CoV-2 se propage à bord du porte-avion USS Theodore Roosevelt.

Par crainte de réactiver l’épidémie, la Chine interdit à la plupart des étrangers d’entrer dans le pays.

Vendredi 27 mars

Le Premier ministre et le ministre de la Santé du Royaume Uni sont testés positifs au coronavirus.

Le Lancet publie COVID-19 and the NHS—“a national scandal”.

Un article de McMichael et al. décrit un taux de létalité de 33% pour les résidents d’un établissement de soins de longue durée, infectés par le SRAS-CoV-2, dans le comté de King, Washington, États-Unis.

Dimanche 29 mars

En Italie, 50 médecins, dont 50% sont des médecins de famille, sont morts du COVID-19.

The Guardian publie un article demandant si ceux qui expriment du déni sur le coronavirus en Amérique ont « du sang sur les mains ». L’épidémie de SRAS-CoV-2 est le pire échec du systéme de renseignement de l’histoire des États-Unis.

Lundi 30 mars

Flaxman S et al. de l’Imperial College COVID-19 et son équipe publient de nouvelles données sur le nombre probable de personnes infectées dans 11 pays européens. Leur modèle suggère qu’au 28 mars, en Italie et en Espagne, 5,9 millions et 7 millions de personnes auraient pu être infectées, respectivement (voir tableau online). L’Allemagne, l’Autriche, le Danemark et la Norvège auraient les taux d’infection les plus faibles (proportion de la population infectée). Ces données suggèrent également que la mortalité due à l’infection au COVID-19 en Italie pourrait être de l’ordre de 0,4% (0,16% -1,2%).

Les villes de Moscou et de Lagos (21 millions d’habitants) sont confinées.

La crise COVID-19 amène certains dirigeants politiques d’Europe de l’Est à envisager une législation leur accordant des pouvoirs extraordinaires, dont une loi votée afin de proroger indéfiniment l’état d’urgence.

Le SARS-CoV-2 se propage à bord du porte-avions USS Theo-dore Roosevelt. Le commandant du navire, le capitaine Brett Crozier, envoie un courrier électronique à trois amiraux de sa chaîne de commandement, lui recommandant d’être autorisé à évacuer tous les marins non essentiels, à mettre en quarantaine les cas connus de COVID-19 et à désinfecter le navire. «Nous ne sommes pas en guerre. Les marins n’ont pas besoin de mourir », écrit Crozier dans son mémo. La lettre est diffusée dans les médias et génère plusieurs gros titres. Trois jours plus tard, le 2 avril, le capitaine Crozier est limogé.

Plus tard, des tests sur 94% des 4 800 membres d’équipage auraient révélé environ 600 marins infectés, dont environ 350, la majorité d’entre eux, étaient asymptomatiques.

Mercredi 1er avril

Le chef des Nations Unies prévient que la pandémie de coronavirus présente la « pire crise » mondiale depuis la Seconde Guerre mondiale.

Jeudi 2 avril

Dans le monde, plus d’un million de cas sont signalés. Le nombre réel est probablement beaucoup plus élevé (voir l’article de Flaxman du 30 mars).

Les journaux européens publient des articles sur les raisons pour lesquelles l’Allemagne a si peu de décès dus à COVID-19.

Vendredi 3 avril

Certains économistes préviennent que le chômage pourrait dépasser les niveaux atteints lors de la Grande Dépression des années 30. Par contre presque tous les gouvernements privilégient de sauver des dizaines ou des centaines de milliers de vies plutôt qu’éviter une récession économique massive. L’humanité serait-elle devenue plus humaine?

Le Monde, le journal français le plus influent, souligne un effet secondaire plus banal de l’épidémie. Comme les coiffeurs sont interdits de travail, les couleurs et les coupes se dégradent. Le journal prédit qu’ « après deux mois, 90% des blondes auront disparues de la surface de la Terre ».

Samedi 4 avril

Des signes d’espoir émergent en Europe. En Italie, le nombre de personnes traitées dans les unités de soins intensifs diminue pour la première fois depuis le début de l’épidémie.

En France, 6 800 patients sont traités dans des unités de soins intensifs. Plus de 500 d’entre eux ont été évacués vers des hôpitaux depuis des zones épidémiques sensibles comme l’Alsace et la région parisienne vers des régions de moindre incidence. Des trains à grande vitesse et des avions spécialement adaptés ont été réquisitionnés.

 

Figure 3. Patients traités dans des unités de soins intensifs en Italie. Pour la première fois depuis le début de l’épidémie, le nombre diminue le 4 avril. Souce: Le Monde

 

La Lombardie décide qu’à partir du dimanche 5 avril, la population devra porter des masques ou des foulards. Les supermarchés doivent fournir des gants et du gel hydroalcoolique à leurs clients. La Catalogne adopte les mêmes mesures.

Un politicien italien, moins sensible au raisonnement scientifique que certains de ses collègues américains et brésiliens, demande l’ouverture des églises à Pâques (12 avril), déclarant que « la science seule ne suffit pas: le bon Dieu est également nécessaire ». « Bienheureux sont les pauvres d’esprit », comme dit le proverbe français.

En Italie, 80 médecins sont morts de COVID-19. 3 944 personnes du personnel hospitalier sont déclarées infectées.

Dimanche 5 avril

Un chirurgien général américain prévient que son le pays devra faire face à un « Pearl Harbor» la semaine prochaine.

Les États-Unis sont le nouvel épicentre de l’épidémie de COVID-19. Au moment de la rédaction de ce rapport (5 avril), plus de 300 000 cas et près de 10 000 décès avaient été signalés, dont près de la moitié à New York et au New Jersey.

Mardi 7 avril

La qualité de l’air s’améliore en Italie, au Royaume-Uni et en Allemagne, avec une baisse des niveaux de dioxyde de carbone et de dioxyde d’azote. Une analyse rétrospective du verrouillage actuel révélera-t-elle moins de cas d’asthme, de crises cardiaques et de maladies pulmonaires?

Mercredi 8 avril

Le Japon déclare l’état d’urgence ; Singapour ordonne un verrouillage partiel.

À Wuhan, les gens sont autorisés à voyager pour la première fois depuis la fermeture de la ville il y a 76 jours.

Jeudi 9 avril

Les ministres des finances de l’UE conviennent d’un plan d’urgence commun pour limiter l’impact de la pandémie de coronavirus sur l’économie européenne. L’Eurogroupe parvient à un accord sur un plan de réponse d’une valeur de plus de 500 milliards d’euros pour les pays les plus durement touchés par l’épidémie.

Les voyages aériens des passagers ont diminué de 95%. Combien des 700 compagnies aériennes survivront-elles au cours des prochains mois? L’interruption actuelle du transport aérien mondial façonnera-t-elle nos futurs comportements vis-à-vis du voyage?

L’épidémie dévaste l’économie américaine. Plus de 16 millions d’Américains ont soumis des demandes de chômage au cours des trois dernières semaines.

Vendredi 10 avril

Message de votre téléphone portable: “Vous avez été en contact avec une personne séropositive pour le coronavirus.” Google et Apple annoncent qu’ils ont construit un système de suivi des coronavirus sur iOS et Android. Cet effort conjoint permettrait d’utiliser la technologie Bluetooth pour établir un réseau de recherche de contacts volontaire. Les applications officielles des autorités de santé publique auraient un accès étendu aux données conservées sur des téléphones qui se trouvent à proximité les uns des autres (on est bien au-delà des fantasmes de George Orwell). Si les utilisateurs signalent qu’ils ont reçu un diagnostic de COVID-19, le système avertit les utilisateurs s’ils sont en contact étroit avec une personne infectée.

L’Espagne découvre la référence COVID. En moins de 24 heures, plus de 15 000 personnes téléchargent le PDF de l’édition espagnole. Seule explication possible: une immense plateforme média a affiché le lien de notre livre.

 

Figure 3. Données Google Analytics pour www.CovidReference.com le 10 avril. À un moment donné, plus de 500 personnes, principalement d’Espagne, visitaient le site Web simultanément.

 

Samedi 11 avril

Plus de 400 des 700 établissements de soins de longue durée (EHPAD en français, Etablissement d’hébergement pour personnes agées dépendantes) de la région parisienne (10 millions d’habitants) ont des cas de COVID-19.

En Italie, 110 médecins et environ 30 autres employés des hôpitaux sont décédés des suites de COVID-19, dont la moitié d’entre eux  sont des infirmières.

Dimanche 12 avril

Pâques 2020. L’Italie signale 361 nouveaux décès, le nombre le plus bas en 25 jours, tandis que l’Espagne signale 603 décès, en baisse de plus de 30% par rapport aux 10 jours précédents.

Figure 4. Nombre quotidien de décès dus à COVID-19 en Italie (rouge) et en Espagne (bleu).

 

Le Royaume-Uni enregistre son plus grand nombre de morts par jour, soit près de 1 000. Le nombre de décès liés au COVID-19 est désormais supérieur à 10 000. Comme dans de nombreux autres pays, les chiffres réels peuvent être légèrement plus élevés en raison de la sous-déclaration des personnes décédées dans des foyers de soins.

Le nombre de décès liés au COVID-19 aux États-Unis dépasse 22 000, tandis que le nombre de cas d’infectés dépasse 500 000. À New York, certains signes indiquent que la pandémie pourrait approcher de son apogée.

Lundi 13 avril

La pandémie COVID-19 dénonce la mauvaise gouvernance, non seulement au Brésil. Le journal français Le Monde en dévoile les causes: déni de réalité, recherche d’un bouc émissaire, omniprésence dans les médias, expulsion de voix discordantes, approche politique, isolationnisme et vision à court terme face au plus grand défi sanitaire de ces dernières décennies. A qui correspond ce portrait?

Emmanuel Macron annonce une prolongation d’un mois du verrouillage de la France. Ce n’est que le lundi 11 mai que les crèches, les écoles primaires et secondaires rouvriront progressivement, mais pas l’enseignement supérieur ni les universités. Les cafés, restaurants, hôtels, cinémas et autres activités de loisirs resteront fermés après le 11 mai.

Mardi 14 avril

L’Autriche est le premier pays européen à assouplir les mesures de confinement. Il ouvre des ateliers de voitures et de vélos, des lave-autos, des magasins de matériaux de construction, des centres de bricolage et de jardinage (quelle que soit leur taille) ainsi que des petits concessionnaires avec un espace client de moins de 400 mètres carrés. Ces magasins doivent s’assurer qu’il n’y a qu’un seul client par 20 mètres carrés. Rien qu’à Vienne, 4 600 magasins sont autorisés à ouvrir aujourd’hui. Les horaires d’ouverture sont limités de 7h40 à 19h.

États-Unis: le CDC (Centers for Disease Control and Prevention) rapporte que plus de 9 000 travailleurs de la santé ont contracté COVID-19 et que 27 sont morts. L’âge médian était de 42 ans et 73% étaient des femmes. Les décès sont survenus le plus souvent chez les personnes âgées de ≥ 65 ans.

Mercredi 15 avril

Philip Anfinrud et Valentyn Stadnytsky des National Institutes of Health, Bethesda, rapportent une expérience de diffusion de la lumière laser dans laquelle des gouttelettes générées par la parole et leurs trajectoires ont été visualisées. Ils constatent que lorsqu’une personne testée dit «être en bonne santé», de nombreuses gouttelettes allant de 20 à 500 µm sont générées. Lorsque la même phrase est prononcée trois fois à travers un gant de toilette légèrement humide sur la bouche du haut-parleur, le nombre de flash (gouttelettes) reste proche du niveau de fond. La vidéo soutient la recommandation de porter des masques en public. Les auteurs ont également constaté que le nombre de flashs (gouttelettes) augmentait avec l’intensité de la parole.  Nouveau message aux milliards de personnes prises dans l’épidémie de COVID-19: « baissez la voix! »

Anfinrud P, Stadnytskyi V, Bax CE, Bax A. Visualizing Speech-Generated Oral Fluid Droplets with Laser Light Scattering. N Engl J Med. 2020 Apr 15. PubMed: https://pubmed.gov/32294341. Full-text: https://doi.org/10.1056/NEJMc2007800

Vendredi 17 avril

Luiz Inácio Lula da Silva, l’ancien président brésilien affirme que l’actuel président conduit le Brésil à «l’abattoir» avec sa gestion irresponsable du coronavirus. Dans une interview avec The Guardian, Lula dit que le leader « troglodyte » du Brésil risque de répéter les scènes dévastatrices qui se déroulent en Équateur où les familles doivent jeter les cadavres de leurs proches dans les rues.

Sur le porte-avions français Charles-de-Gaulle, une épidémie massive a été confirmée le 17 avril. Parmi les 1760 marins, 1046 (59%) étaient positifs pour le SRAS-CoV-2, 500 (28%) présentaient des symptômes, 24 (1,3%) marins ont été hospitalisés, 8 sous oxygénothérapie et un en soins intensifs.

Samedi 18 avril

Care England, le plus grand organisme britannique de représentation des foyers de soins, suggère que près de 7 500 résidents pourraient être morts du COVID-19. Ce chiffre serait supérieur aux 1 400 décès estimés par le gouvernement.

En Italie, 131 médecins sont décédés de COVID.

Rien qu’en Catalogne, environ 6 615 professionnels hospitaliers et 5 934 autres travaillant dans les maisons de retraite sont également soupçonnés d’avoir reçu un diagnostic de COVID-19.

Dimanche 19 avril

Figure 5. Nombre quotidien de décès dus à COVID-19 en Allemagne (vert) et au Royaume-Uni (noir).

Lundi 20 avril

Pour la première fois dans l’histoire, le West Texas Intermediate (WTI), le prix de référence du pétrole américain, tombe en dessous de 0 $. Sur certains contrats spécifiques, il a plongé à moins 37 dollars (-34 euros). Après quasiment deux mois d’effondrement continu du marché pétrolier, cette situation paradoxale est le résultat de la pandémie de COVID-19 qui a fait chuter la demande de 30%. Alors que les puits de pétrole continuent de produire, il n’y a aucun endroit pour stocker le pétrole et les investisseurs sont prêts à payer pour s’en débarrasser.

L’Oktoberfest en Allemagne est annulé. Le festival de la bière emblématique, familièrement connu sous le nom de Die Wiesn ou «le pré», attire chaque année environ 6 millions de visiteurs du monde entier. Il se déroule pendant plus de deux semaines (septembre / octobre) dans des tentes bondées avec de longues tables en bois, où les gens célèbrent la nourriture du cru,  la danse, la bière et les vêtements traditionnels. La perte pour la ville de Munich est estimée à environ un milliard d’euros.