Traduction:
Bruno Giroux
Un peu plus de deux mois après le début de l’épidémie et le blocage progressif des activités et mouvements non essentiels dans toute la France, nous nous préparons à entrer dans la phase dite de déconfinement (« Phase 2 »). Quelles seront les conséquences d’un retour progressif à une vie plus « normale »? La période estivale contribuera-t-elle à freiner l’épidémie? Ou y aura-t-il la deuxième vague redoutée – et quand aura-t-elle lieu?
Il est évident que nous ne pouvons pas nous bercer dans le mirage d’une immunité collective imminente. Nous n’en sommes pas encore là. De plus, l’infection par le SRAS-CoV-2 est trop dangereuse, provoquant non seulement une pneumonie, mais affectant également d’autres organes. Qu’en est-il de la possibilité de dommages permanents? Le vaccin est encore loin et, pour l’instant, nous n’avons pas de médicaments miracles qui pourraient nous permettre une percée thérapeutique comme la pénicilline dans les années 40, les inhibiteurs de la protéase du VIH dans les années 90 et les antiviraux à action directe contre l’hépatite C dans dernière décennie. Les mesures de santé publique pour prévenir les infections restent pour l’instant les seules stratégies efficaces. Dans la lutte contre COVID-19 nous sommes toujours en haute mer, chaque réponse génère dix nouvelles questions. Nous n’en sommes qu’au début.
Bernd Sebastian Kamps & Christian Hoffmann
Le 27 avril 2020
Préface de la première édition
Il y a dix-sept ans, lors du drame de l’épidémie de SRAS- CoV-1, nous avions décidé d’écrire un bref rapport médical, présentant les données scientifiques accompagnées de mises à jour en temps réel. Après avoir publié trois éditions en 6 mois, un magazine scientifique a conclu que notre travail sur le SRAS (www.SARSReference.com) n’était pas « marrant », mais apportait « beaucoup d’informations ». Lorsque nous avons pris connaissance de la nouvelle épidémie de coronavirus à la mi-janvier 2020, nous avons immédiatement pensé qu’il était opportun de répéter le travail fait sur le SRAS-CoV-1.
Alors que le COVID-19 (SRAS-CoV-2) semble maîtrisé en Chine, l’épidémie se déplace rapidement vers l’ouest. Ce qui, il y a seulement quelques semaines, semblait un exploit impossible – imposer et appliquer des mesures de quarantaine strictes et isoler des milliards de personnes – est désormais une réalité dans de nombreux pays. L’humanité est confrontée à une maladie jusque-là inconnue, mettant en jeu le pronostic vital des personnes. Les systèmes de santé seront débordés. Il n’existe aucun traitement prouvé et les vaccins ne seront pas disponibles à court terme. Une telle situation nous rappelle la pandémie grippale en 1918.
Nous pensons qu’une vision claire de la situation est cruciale en période de surinformation, incluant des dizaines d’articles scientifiques publiés chaque jour, des effets d’annonce sur des centaines d’études planifiées ou déjà en cours, et des communications via les réseaux sociaux incapables de faire la distinction entre des données scientifiques fiables et des rumeurs faisant état de fausses nouvelles. Un travail rigoureux d’analyse de la littérature et des données scientifiques rapportées doit être fait – avec régularité et constance.
Au cours des mois à venir COVID Reference publiera des mises à jour régulières et fera état des données scientifiques disponibles avec le plus de cohérence possible.
N’oubliez pas Science Magazine. La situation n’est pas « marrante ».
Bernd Sebastian Kamps & Christian Hoffmann
Le 6 avril 2020